Le Vin Naturel c'est quoi ?

Le Vin Naturel c'est quoi ?


Une des grandes joutes du moment dans le monde du vin :

Qu'est ce que le Vin Naturel ?

Parce qu'il est pénible de s'y retrouver entre ceux qui font de la culture raisonnée en appliquant, s'il le faut, des produits phytosanitaires à faibles doses dans les vignes mais qui, en cave, vinifient sans intrants, il y a ceux qui cultivent en bio mais s'autorisent dans le chai l'ajout d'intrants chimiques (AB style), il y a ceux qui cultivent en bio ou biodynamie, vinifient sans intrants mais ajoutent du SO2 lors de la mise en bouteille (AVN Style), il y a ceux qui surfent sur le Sans Sulfites marketing et qui ne cultivent pas bio, vinifient avec intrants mais n'ajoutent aucune dose de SO2 (HYPER Style) et il y a ceux, plus rares, qui présentent des jus de raisins fermentés, sans pesticides ni aucuns intrants ou sulfites ajoutés (Vins S.A.I.N.S Style) !

La jungle pour le commun des mortels surtout qu'aucune étiquette indiquant la composition de votre vin ne figure sur la bouteille !

Alors d'emblée soyons clair : Étymologiquement parlant, le vin naturel en tant que tel n'existe pas ! Fermez le ban y a rien à voir.

Comme nous l'indiquait un jour François Miglio, vigneron à Château GASQUI dans le Var qui travaille en Biodynamie depuis 2006 :"A la rigueur, le seul vin naturel qui pourrait exister, ça serait une grappe de raisin qui tomberait sur un rocher, qui fermenterait sur son caillou et qui à un moment donné, très court, se transformerait en vin avant de continuer sa mutation".

Et nous rajouterons que si l'homme intervient pour la transformation du raisin en vin, cela annihile de facto toute création dite naturelle ! cqfd.

Bon d'accord c'est bien beau, mais alors qu'est ce qu'un vin naturel nom d'un petit bonhomme ?

Le vin naturel est un raccourcis simplificateur et efficace pour dénommer un jus produit par des vignerons dont l'objectif est de travailler les sols en agriculture biologique, sans désherbants, pesticides, engrais ou autres produits de synthèse et s'interdisent en cave l'ajout de produits chimiques, à l'exception, si besoin, de sulfites en très faible quantité, lors de la phase de vinification reste proscrite. Un choix philosophique visant à retrouver l'expression naturelle du terroir.

 

Bien entendu, les "pointilleux", et nous pouvons les entendre, sont offusqués (et ne manquent jamais de le faire savoir) concernant l'emploi du cuivre en culture bio car ils ne démordent pas que ce produit est toxique, à terme, pour la terre et tout ce qui y touche. En effet, cela peut poser problème même si, en se baladant entre les rangs d'une parcelle cultivée en BIO ou en BIODYNAMIE, il est manifeste que la biodiversité est plus présente et épanouie que celle que l'on croise en arpentant une parcelle cultivée en conventionnel. Ca saute aux yeux, pas besoin d'avoir une thèse de chimie bio-organique en poche pour l'observer.

Et même si les représentants de la FNAB (Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique) et plus largement les acteurs européens de l’agriculture biologique, déclarent que le cuivre "n'est pas un produit chimique de synthèse. C'est un minéral métallique, un oligo-élément présent dans les sols et indispensable à la vie et à la photosynthèse ", ces mêmes "pères la vertu" vont quand même gesticuler pour mettre au pilori ces vins appelés à tord naturels à cause de l'emploi de cuivre. Soit.

En vinif c'est pareil puisque l'ajout d'un soupçon de SO2 (30 mlg/l pour les rouge et 40mlg/l pour les blancs bien loin des 150 à 200 mlg/l autorisés en "conventionnel"), souvent à la mise en bouteille comme le permet l'Association de Vins Naturels et seul intrant qu'elle autorise (bien loin des 70 intrants et plus acceptés aussi en "conventionnel"), permet d'affirmer, encore, que le terme vin naturel est inapproprié !

Et puis il y a les cas spécifiques, comme Louis Julian, vigneron rebelle qui cultive dans le Gard en bio depuis 1979 et ne met plus de sulfites depuis 1987 (!!) et, justement, un des rares vignerons qui peut se permettre d'indiquer sur ses bouteilles, que ce soit son BLANC ou son ROUGE 10°5 : NE CONTIENT PAS DE SULFITES ! Confirmé par la répression des fraudes qui n'avait pas tardé à se pointer chez lui devant cette affirmation osée. En pure perte pour eux.  Louis vinifie donc sans intrants si ce n'est l'ajout d'une levure neutre pour lancer plus rapidement la fermentation ! Si on s'en tient aux normes AVN, peut on considérer que ce vin mérite la dénomination Vin Naturel alors qu'il contient une levure, chose que l'AVN refuse ?

Ça en devient complexe.

Vous devez comprendre que le terme Vin Naturel est un terme générique et concis pour s'opposer aux vins qu'on nomment Conventionnels !

Car autant le vin naturel comme expliqué plus haut n'existe pas comme sa dénomination ne devrait elle non plus ne pas exister, mais, de notre côté, le terme vin conventionnel nous choque quand on découvre la composition de trop nombreuses quilles ultra chargées en pesticides et en intrants chimiques.

Alors si les opposants de la dénomination "vin naturel" montent au créneau, nous pourrons faire un pas et nommer ces jus là, même si c'est plus tortueux : Vins "presque" naturels.

De même, le vin "dit" bio devrait logiquement se nommer du vin "presque" bio à cause d'un cahier des charges concernant sa vinification encore trop lourd à notre goût.

Et tant qu'on y est, débaptisons aussi le vin dit "conventionnel" en quelque chose de plus approprié tel que "Vin Chimique" ou "Vin Mort" puisque la précision est de mise.

Le vrai problème de la dénomination Vin Naturel c'est que cela sous entend aux yeux du grand public qu'ils consommeraient du vin pas naturel ! Et ceci  pourrait leur mettre la puce à l'oreille et les voir commencer à s'interroger (enfin) sur ce que contient réellement leur quille puisque, comme indiqué plus haut, ce n'est pas l'absence d'étiquette qui va les éclairer sur sa composition !

Et quand on sait que le marché du vin c'est l'équivalent de 180 Rafales (Avion de Chasse Français) en terme de vente, il est normal que les lobbys se lèvent ensemble pour dénoncer cette scandaleuse désignation : "Vin naturel".

 

Mais, après réflexions, des têtes pensantes de la Grande distribution ont eut l'idée géniale de s'engouffrer eux aussi dans cette niche avec tout leur savoir faire habituel en bio-marketing : Comme le vin naturel est souvent associé, à tord, à vin sans sulfites, alors on présente dans les rayons des Hypers des quilles avec un beau macaron 'Vin Sans Sulfites ajoutés" à moins de 5 euros. De la tromperie en bande organisée puisque ces vins là souvent ne sont même pas bio en vignes, sont remplis s'intrants chimiques (autorisés) et subissent par exemple, filtrations stérilisantes, thermovinification ou flash pasteurisation pour compenser l'absence d'ajout de SO2 ! La force du marketing dans toute sa splendeur dans lequel le consommateur non averti va, encore, s'engouffrer !

Vous comprenez bien après ces quelques explications que la bataille du vin "presque" naturel n'en est qu'à ces balbutiements surtout d'un point de vue Juridique et économique car concernant sa conception et sa consommation, Jules Chauvet, initiateur de la dégustation et défenseur du vin naturel en tant qu'expert scientifique, délivrait déjà son message dans la France de l'après guerre.

Mais côté juridique justement, il se pourrait que cela bouge enfin avec la naissance le 16 juillet 2019 à Tours du Syndicat de défense des vins Natur'L par les vignerons Sébastien David et Jacques Carroget. L'annonce fait suite au procès perdu par le Vigneron Sébastien David face à l'Etat à cause de sa cuvée COËF 2019 déclarée impropre à la consommation en raison d'une acidité trop élevée et qu'il va devoir envoyer à la distillerie !

Le Syndicat a choisi de s'aligner sur l'Association des Vins Naturels concernant la définition du Vin Naturel comme développé au début de ce billet.

Alors oui, le Vin Naturel ne l'est pas totalement, mais dans tous les cas il est celui qui se rapproche le plus des breuvages que nous recherchons tant c'est à dire des vins les plus purs possibles, des nectars créé avec le minimum d'intervention humaine, des vrais jus de terroirs avec leurs propres spécificités, des vins vivants, des Vins "Presque" Naturels.

Retour au blog